De Kiki à Monchhichi : origine et histoire d'une peluche extraordinaire

Kiki, aussi connu sous son nom original Monchhichi, est l’une des peluches emblématiques des années 1980. Né au Japon dans les années 1970, ce petit singe en peluche à tétine a conquis la France sous le surnom affectueux de Kiki de tous les Kiki. Cet article retrace l’histoire de Kiki, depuis sa création et son origine jusqu’à son impact culturel et sa place dans le marché des jouets vintage. Nous explorerons la fabrication de Kiki au Japon et en France, les campagnes publicitaires légendaires qui l’ont popularisé, les multiples variantes et éditions limitées qui passionnent les collectionneurs, ainsi que l’héritage laissé par Kiki le vrai dans l’univers du jouet.

Origine et création de Kiki (Monchhichi)

Kiki voit le jour au Japon le 26 janvier 1974 sous le nom de Monchhichi. Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, ce n’est pas Koichi Sekiguchi (le patron de l’entreprise Sekiguchi) qui l’a personnellement conçu, mais le designer Yoshiharu Washino, engagé en freelance pour créer ce personnage. Sekiguchi avait pour ambition de diffuser à travers cette peluche des valeurs éducatives, souhaitant qu’elle inculque le respect et l’amour aux jeunes enfants (Monchhichi (Kiki) — Wikipédia). Pari réussi : dès 1975 Monchhichi s’exporte en Europe (Allemagne, Autriche) et rencontre un succès fulgurant (L’histoire de la peluche Kiki, devenue Monchhichi).

En 1978, Monchhichi arrive en France où il est rebaptisé Kiki par la société Ajena, qui obtient la licence exclusive pour le fabriquer et le distribuer localement. Ce nouveau nom, facile à prononcer, a été choisi en référence au surnom du skieur français Jean-Claude Killy – ses supporteurs scandaient « Allez Kiki! » lors de ses victoires (Kiki Planet: La véritable histoire de la peluche Kiki, par Bernard Meffray, directeur d'Ajena !). Le petit singe suceur de tétine adopte donc un prénom bien de chez nous, ce qui contribue à le différencier des versions internationales. Dès lors, Kiki le vrai (comme on l’appellera plus tard) est prêt à conquérir le cœur des enfants français.

Image en haut d'article : (File:Kiki-Musee-du-Jouet-Moirans39-byRundvald.jpg - Wikimedia Commons) Un Kiki aux yeux bleus fabriqué en France par Ajena dans les années 1980, exposé au Musée du Jouet de Moirans-en-Montagne (Jura). Les premières versions françaises avaient les yeux bleus et ne mentionnaient pas Sekiguchi sur l'étiquette (Monchhichi (Kiki) — Wikipédia).

La fabrication de Kiki : du Japon à la France

Au Japon, Monchhichi est initialement produit par la société familiale Sekiguchi, un grand fabricant de poupées basé à Tokyo. La peluche se caractérise par un corps en fourrure synthétique douce et des extrémités en plastique vinyle (tête ronde, mains et pieds). Elle est dotée d’une petite tétine que l’on peut placer dans sa bouche, ce qui deviendra sa signature auprès des tout-petits.

En France, la fabrication est assurée à partir de 1979 par Ajena, l’un des plus importants producteurs de peluches de l’époque. Ajena installe la production de Kiki dans son atelier de Luché-Pringé (Sarthe) et adapte le jouet aux normes françaises. Les visages en vinyle des Kikis français sont peints à la main, conférant à chaque exemplaire une expression unique. Fait notable, Ajena fait même appel aux détenues de la prison pour femmes de Rennes pour participer au maquillage des petites frimousses de Kiki dans les années 80 (La véritable histoire de Kiki le vrai – Ma collection de poupées). Une étiquette en tissu blanc cousue au dos indique fièrement « Kiki® – Made in France », sans mention de Sekiguchi, gage du soin apporté à la production locale (Monchhichi (Kiki) — Wikipédia).

La peluche Kiki française mesure à l’origine 19 cm et est vendue environ 30 francs à la fin des années 70 (soit ~13 €) (Monchhichi (Kiki) — Wikipédia). Au fil du temps, Ajena étend sa gamme et produit également des versions plus petites ou plus grandes (nous y reviendrons). Jusqu’au milieu des années 1980, toutes les Kiki du marché français proviennent de l’usine sarthoise. Face au succès grandissant, Ajena emploie plus de 400 personnes réparties sur plusieurs sites (dont un au Maroc) pour suivre la demande, Kiki étant alors l’un de ses produits phares.

À partir de la fin des années 1980, un tournant s’opère : la production de Kiki est délocalisée en Asie, principalement en Chine, afin de réduire les coûts. Les dernières séries fabriquées en France adoptent d’ailleurs un nouveau marquage sur l’étiquette : "Ajena – Made in China", tout en conservant la mention de Luché-Pringé et la licence Sekiguchi (La véritable histoire de Kiki le vrai – Ma collection de poupées). La qualité reste au rendez-vous, mais cette évolution marque la fin d’une époque. Après 1988, Ajena perd la licence et la fabrication française cesse (Kiki Planet: La véritable histoire de la peluche Kiki, par Bernard Meffray, directeur d'Ajena !). La peluche revient sur le devant de la scène dans les années 2000 sous son nom d’origine Monchhichi, produite à nouveau sous l’égide de Sekiguchi (avec Bandai comme distributeur), témoignant de la pérennité de ce jouet culte.

Campagnes publicitaires et stratégie marketing de Kiki

Dès son lancement en France, Kiki a bénéficié d’une campagne publicitaire massive qui a grandement contribué à sa popularité. Ajena a confié la promotion du jouet à l’agence SNIP et au concepteur François Jaglin, qui ont conçu des spots télévisés courts et percutants mettant en scène des enfants serrant leur peluche adorée. C’est ainsi qu’est né le fameux slogan « Kiki, le Kiki de tous les Kiki », entendu pour la première fois à la fin des années 70 dans ces publicités diffusées sur les trois chaînes de l’époque (Kiki Planet: La véritable histoire de la peluche Kiki, par Bernard Meffray, directeur d'Ajena !). Ce refrain simple et mémorable est rapidement entré dans le langage courant et a ancré Kiki dans l’imaginaire collectif.

Pour encourager l’attachement des enfants à leur drôle de petit ami, Ajena a eu l’idée ingénieuse de fournir à Kiki une garde-robe et des accessoires. Dès 1980, la collection « La semaine de Kiki » propose 12 tenues différentes (écolier, jardinier, footballeur, etc.), vendues séparément pour habiller la peluche selon les envies. Ce concept novateur – entièrement développé en France – remporte un succès énorme : plus d’un million de petits habits et panoplies Kiki sont écoulés en quelques années (Kiki Planet: La véritable histoire de la peluche Kiki, par Bernard Meffray, directeur d'Ajena !). Parallèlement, un univers complet est créé autour du singe : lit, chaise, pupitre, tente de camping, cheval à bascule... toute une gamme de mobilier et d’accessoires permet aux enfants d’imaginer les aventures de Kiki dans toutes sortes de décors. Cette stratégie de cross-merchandising avant l’heure a largement contribué à faire de Kiki “le meilleur ami de tous les enfants”, comme le clamait sa chanson.

En effet, Ajena ne s’est pas arrêtée là. Pour faire chanter et danser les enfants avec leur héros, Kiki sort son premier disque en 1981 : La Chanson de Kiki. Ce 45 tours, composé par Jean-Pierre Bourtayre sur des paroles de Roger Dumas (alias “Monsieur Dessca”), est un véritable tube avec près de 900 000 exemplaires vendus (Kiki Planet: La véritable histoire de la peluche Kiki, par Bernard Meffray, directeur d'Ajena !). Sur la pochette du disque, on peut lire le célèbre refrain : « C’est lui Kiki, c’est lui le Kiki de tous les Kiki… le meilleur ami de tous les enfants ! » Le succès musical se déclinera en plusieurs autres titres amusants (Kiki spatial, Super Kiki, Kiki campeur, etc.) qui renforcent l’attachement au personnage.

Au sommet de sa gloire, Kiki s’invite même sur les routes de France. En 1983 et 1984, la peluche participe à la tournée du Grand Podium Europe 1 aux côtés d’artistes, faisant étape dans de nombreuses villes et sur le parcours du Tour de France. Un bus aménagé présente aux enfants les « univers de Kiki » avec différentes mises en scène (pirate, pompier, cosmonaute, etc.), tandis qu’une chanteuse, Julie Bataille, interprète la chanson de Kiki à chaque étape (Kiki Planet: La véritable histoire de la peluche Kiki, par Bernard Meffray, directeur d'Ajena !). Ce type d’événementiel, combinant spectacle itinérant et animation marketing, était inédit pour une peluche et a achevé de faire de Kiki une superstar des cours de récré.

En réponse à l’engouement, Ajena lance sans cesse des nouveautés publicitaires. Une série de coffrets à thèmes (Aventures de Kiki cowboy, pirate, trappeur, etc.) fait l’objet de nouveaux spots télé où des adultes narrent le début d’une histoire que les enfants sont invités à continuer eux-mêmes – « la suite de Kiki cowboy, vous l’inventerez vous-même ! ». L’objectif était clair : stimuler l’imagination et inciter à collectionner les différents sets. Par ailleurs, de nombreux produits dérivés voient le jour : jeux de société (Kiki loto, Kiki mémory), jeux de cartes, puzzles, livres d’histoires (huit titres publiés), petits meubles, lampes, sacs… Kiki est partout et devient une véritable franchise multimédia des années 80 (Kiki Planet: La véritable histoire de la peluche Kiki, par Bernard Meffray, directeur d'Ajena !).

Toute cette visibilité attire inévitablement des convoitises. Le succès de Kiki engendre des contrefaçons un peu partout en Europe, notamment en Italie et en Espagne où des copies bon marché (comme la figurine nommée "Virkiki") tentent de tromper le public. Ajena doit réagir pour protéger sa marque : dès le milieu des années 80, la société fait apposer sur le pied gauche de chaque vrai Kiki la gravure « Kiki® le vrai » (alors que jusque-là les pieds étaient lisses) afin d’aider les consommateurs à distinguer l’authentique peluche des imitations. Ce marquage, bien visible, devient à son tour un argument marketing – signe qu’on a affaire à “le Kiki le vrai”. La bataille contre la contrefaçon se joue aussi sur le terrain juridique : en 1988, Sekiguchi et Ajena remportent une victoire devant la Cour de cassation contre un importateur indélicat qui copiait Kiki (La véritable histoire de Kiki le vrai – Ma collection de poupées). Ces efforts payent et contribuent à renforcer l’aura de qualité associée à la peluche originale.

Grâce à ces campagnes ingénieuses et à une communication omniprésente, Kiki la peluche est devenue un phénomène. Vers 1985-1986, on estime qu’il s’en vendait des centaines de milliers d’exemplaires par an rien qu’en France. Le nom Kiki est sur toutes les lèvres, au point qu’il éclipse la marque Monchhichi elle-même dans l’Hexagone. Aujourd’hui encore, ce marketing d’autrefois fait figure de cas d’école dans l’industrie du jouet, démontrant l’importance de créer tout un univers autour d’un produit pour le hisser au rang d’icône.

Variantes, éditions limitées et évolutions du design de Kiki

Au-delà du modèle classique, l’univers de Kiki/Monchhichi s’est enrichi d’innombrables variantes au fil des décennies. Ces évolutions du design – parfois subtiles, parfois radicales – ont permis de renouveler l’intérêt du public et alimentent aujourd’hui la passion des collectionneurs. Retour sur les principales versions et éditions spéciales de Kiki :

  • Différentes tailles de Kiki : À l’origine proposé en taille standard (~19 cm), Kiki a rapidement été décliné en plusieurs formats. Le Petit Kiki (~13 cm, apparu en 1981) tient dans la main, tandis que Kiki Junior (~28-30 cm, lancé en 1981 également) est un format intermédiaire. On trouve aussi le Grand Kiki (45 cm) dès 1980, et même un Kiki géant d’environ 75-80 cm qui fait son entrée dans les catalogues en 1981-82. Chaque format a ses particularités (par exemple, le grand Kiki de 45 cm porte un bandana rouge et suce son pouce). Ces différentes tailles permettaient de toucher tous les âges, du porte-clés au gros nounours à câliner.

  • Tenues et personnages additionnels : Très vite, Ajena introduit de nombreux costumes pour habiller Kiki (sportif, écolier, cowboy, etc.), comme évoqué plus haut. En 1983, la famille Kiki s’agrandit même avec l’arrivée de Papy Kiki et Mamie Kiki, deux adorables grands-parents aux cheveux blancs, vendus séparément en boîte vitrine. L’année suivante, en 1984, ce sont les “cousins de Kiki” – un concept de petits animaux en peluche construits sur le même moule (un lapin, un mouton, un chien et un ours) – qui font leur apparition. Bien que moins connus, ces dérivés élargissent la gamme et témoignent de la volonté de proposer toujours plus de nouveautés.

  • Kiki Colori : la vie en couleurs : En 1985-1986, vent de fraîcheur sur la peluche ! Ajena lance la série des Kiki Colori, qui transforme le singe brun classique en un arc-en-ciel de couleurs. Huit teintes pimpantes sont proposées : jaune vif, jaune pâle, rose bonbon, fuchsia, bleu ciel, vert menthe, orange, rouge, mauve et même blanc neige. Les modèles grand et géant sont également déclinés en quelques coloris (bleu, rose, jaune, blanc). Ces Kiki haut-en-couleurs, souvent produits en quantités plus limitées, sont aujourd’hui très recherchés par les collectionneurs (L’histoire du Kiki de tous les Kiki !). Ils ont fait l’objet de publicités spécifiques à l’époque, mettant en scène une véritable famille multicolore de Kiki (La véritable histoire de Kiki le vrai – Ma collection de poupées).

  • Changement de regard : Un détail notable différencie les générations de Kiki : la couleur de leurs yeux. Les premiers Kiki (années 70-début 80) avaient de grands yeux bleus avec des petites taches de rousseur sur les joues (Monchhichi (Kiki) — Wikipédia). À partir de 1985, probablement pour mieux assortir le regard à la fourrure brune, les Kiki nouvellement produits se voient dotés d’yeux marron (L’histoire de la peluche Kiki, devenue Monchhichi). Cette évolution du design, passée presque inaperçue à l’époque, est aujourd’hui un repère pour dater une peluche : un Kiki aux yeux bleus est généralement antérieur au milieu des années 80, tandis qu’aux yeux bruns il est postérieur.

  • Marquages sous les pieds : Comme évoqué plus haut, l’authentification des Kiki est devenue cruciale avec le temps. Ainsi, trois types de marquages peuvent exister sous les pieds selon les époques : les modèles français des débuts avaient parfois de légères « rides » ou motifs moulés sous les pieds (ou rien du tout), puis est apparu le tampon imprimé Kiki® en marron, et enfin la gravure en relief « Kiki © Le Vrai » sous le pied gauche à partir de 1985. Le pied droit est resté vierge. Ces différences, purement physiques, sont devenues déterminantes pour les collectionneurs avertis qui veulent identifier l’année ou la série d’un exemplaire. Le slogan Kiki le vrai est ainsi passé du statut de phrase publicitaire à celui de sceau d’authenticité gravé dans le vinyle.

  • Éditions limitées et collaborations : Depuis les années 2000, Sekiguchi n’a cessé de jouer sur la fibre nostalgique en sortant des éditions collector de Monchhichi/Kiki. En 2004, pour les 30 ans, la peluche a été réintroduite au Japon, et en 2014 un coffret du 40ᵉ anniversaire est commercialisé (comprenant un couple de Monchhichi garçon/fille de 20 cm aux yeux bleus, reprenant le design d’origine) (Peluche Monchhichi Coffret 40ème Anniversaire - Fnac). Plus récemment, en 2024, une édition spéciale 50 ans a vu le jour, avec Monchhichi portant un t-shirt illustré de la fameuse vague d’Hokusai – un clin d’œil à ses racines japonaises. Par ailleurs, de nombreuses collaborations ont été réalisées avec d’autres licences populaires, notamment Sanrio : on a par exemple des Monchhichi x Hello Kitty en édition limitée qui combinent l’esthétique des deux personnages (Kiki Planet: Nouvelle collaboration Monchhichi x Hello Kitty : des ...). Au Japon, le pays d’origine, Sekiguchi a créé au fil du temps près de 1000 modèles différents de Monchhichi, incluant des versions thématiques ou hommages à des célébrités (Monchhichi déguisé en Michael Jackson, Elvis Presley, Marilyn Monroe, etc.). Ces pièces inédites, souvent produites en petites quantités pour des salons ou des événements, font aujourd’hui le bonheur des fans et collectionneurs du monde entier.

  • Le retour de Monchhichi : Après une période d’accalmie dans les années 1990, la peluche a fait son grand retour en France en 2013 sous son nom original Monchhichi, capitalisant sur la nostalgie des parents tout en séduisant une nouvelle génération d’enfants. Sekiguchi, via son distributeur, a alors introduit de nouveaux personnages comme le Bebichhichi (bébé Monchhichi tenant un biberon), ou des éditions modernes (Monchhichi en costume d’Inuit, les grand-parents Monchhichi revisités, etc.) (L’histoire du Kiki de tous les Kiki !). Une série animée en CGI, La Tribu Monchhichi, est même diffusée à partir de 2017 sur TF1, preuve que la marque vit encore de nos jours sur tous les fronts. Bien que le nom Kiki ne soit plus utilisé commercialement, il reste présent dans le cœur du public français lorsque ces nouveaux Monchhichi évoquent en eux le souvenir du Kiki de leur enfance.

Impact culturel de Kiki en France et à l’international

Il est difficile de surestimer l’impact culturel qu’a eu Kiki en France tant la peluche a marqué toute une génération. Dans les années 1980, “Kiki” est un nom magique pour les enfants : la peluche figure sur toutes les listes au Père Noël et devient “la star des magasins de jouets” (L’histoire de la peluche Kiki, devenue Monchhichi). Aux côtés des Bisounours, de Sophie la girafe ou des Barbie, Kiki s’impose comme l’une des peluches phares de la décennie 80-90 (L’histoire du Kiki de tous les Kiki !). Le personnage au visage attachant transcende les simples jouets pour entrer dans la culture populaire : tout le monde connaît sa bouille souriante, sa tétine, et bien sûr son refrain légendaire. Le slogan « Kiki, Kiki, Kiki, le Kiki de tous les Kiki » est resté célèbre et résonne encore aux oreilles de ceux qui ont grandi à cette époque, symbole d’une madeleine de Proust de l’enfance.

L’empreinte de Kiki se mesure aussi aux références qui y sont faites dans les médias ou la vie quotidienne. Au début des années 1980, Kiki est si populaire qu’il inspire une série d’animation japonaise (les Monchhichi Twins en 1980) doublée en plusieurs langues, ainsi qu’un dessin animé américain produit par Hanna-Barbera (Monchhichis, diffusé en 1983) (List of 30 Toys That Defined the '80s). Ce cartoon sera programmé en France en 1985 dans l’émission Cabou Cadin, puis ressortira même en DVD en 2003 sous le titre Kiki, le Kiki de tous les Kiki (L'histoire de Monchhichi | Monchhichi Wiki | Fandom). Kiki s’invite également dans les magazines pour enfants, les publicités à la télévision, et ses produits dérivés envahissent les chambres (posters, cahiers, figurines PVC, etc. (en-broc: Le Kiki de tous les Kiki)). Rares sont les jouets de cette époque à avoir connu un tel niveau de pénétration dans la culture enfantine.

En France, le surnom Kiki est devenu si familier qu’il a souvent été utilisé par extension pour désigner d’autres peluches ou même comme petit nom affectueux. La peluche Kiki originale, elle, est entrée au musée : un exemplaire de Kiki aux yeux bleus des années 80 figure dans les collections permanentes du Musée du Jouet de Moirans-en-Montagne (Jura), consacré à l’histoire du jouet (image en haut d'article). C’est la reconnaissance officielle de son statut d’objet patrimonial ayant marqué la mémoire collective.

Sur le plan international, si la France est probablement le pays où Monchhichi a le plus laissé son empreinte sous le nom Kiki, le phénomène a été mondial. En Allemagne, le Monchhichi a été tout aussi culte dans les années 80 (appelé localement Monchichi ou Chicaboo en Angleterre). En Italie, sous le nom Mon Cicci, il a connu un beau succès populaire. Aux États-Unis, en revanche, la mayonnaise a pris moins bien : malgré la série télévisée et la distribution par Mattel, la peluche n’y a été vendue que quatre ans et a été retirée du marché en 1985, ne laissant pas le même souvenir qu’en Europe (List of 30 Toys That Defined the '80s) (Kiki Planet: La véritable histoire de la peluche Kiki, par Bernard Meffray, directeur d'Ajena !). Quoi qu’il en soit, Monchhichi/Kiki demeure l’un des premiers exemples de personnage kawaii japonais exporté avec triomphe en Occident, bien avant Pokémon ou Hello Kitty. À ce titre, il a pavé la voie pour d’autres licences venues d’Asie et a montré qu’un design universellement mignon pouvait transcender les frontières culturelles.

Au-delà de la nostalgie, l’influence de Kiki sur l’univers du jouet se retrouve aussi dans les méthodes de marketing et de licensing qu’il a contribué à populariser. La stratégie consistant à créer tout un univers autour d’une peluche (vêtements, meubles, histoires, musique, etc.) pour stimuler l’attachement et les ventes a inspiré nombre d’autres franchises par la suite. De même, l’attention portée au branding (nom local accrocheur, slogan publicitaire, logo sous le pied) afin de bâtir une identité forte pour un jouet a été exemplaire. Kiki a démontré qu’un jouet pouvait devenir plus qu’un simple objet : un véritable héros transmedia, déclinable en histoires, en chansons, en spectacles, pour prolonger l’expérience de jeu. Cette approche globale, courante de nos jours, était avant-gardiste dans les années 1980.

Enfin, l’histoire de Kiki illustre aussi les enjeux de propriété intellectuelle dans le jouet. Les victoires juridiques contre les contrefaçons et l’introduction du marquage « le vrai » ont certainement inspiré d’autres fabricants à mieux sécuriser leurs produits phares. En ce sens, le patrimoine que Kiki lègue à l’industrie du jouet va au-delà de sa forme souriante : c’est aussi un savoir-faire en matière de création d’icône ludique et de protection de celle-ci.

Kiki et le marché du jouet vintage aujourd’hui

Plus de quatre décennies après son apparition, Kiki continue de vivre à travers la passion des collectionneurs et l’engouement pour les jouets vintage. Depuis quelques années, on observe en effet un fort retour nostalgique pour les jouets des années 80. De nombreux adultes, désormais trentenaires ou quadragénaires, recherchent activement les compagnons de leur enfance, redonnant vie à ces objets cultes. Cette tendance profite à Kiki/Monchhichi qui figure en bonne place parmi les pièces convoitées. Les jouets vintage des années 80 reviennent en force, alimentés par la volonté des adultes de retrouver leurs souvenirs d’enfance, et les collectionneurs sont prêts à investir des sommes importantes pour acquérir des modèles d’époque en bon état ( ▷ Jouet année 80 : 7 incontournables qui ont marqué notre enfance ✅).

En pratique, toute une économie s’est développée autour de la collection de Kiki. Sur les sites d’enchères en ligne et les bourses aux jouets, on voit régulièrement passer des Kiki d’origine (Made in France) avec leurs boîtes, des éditions Colori rares ou des collaborations japonaises, à des prix pouvant atteindre plusieurs dizaines d’euros, voire plus pour les exemplaires vraiment rares ou neufs. Par exemple, un Monchhichi édition Michael Schumacher Ferrari 1999 (clin d’œil au champion de F1) s’est récemment vendu autour de 200 € sur eBay – preuve que même les déclinaisons les plus inattendues trouvent preneur parmi les fans (Monchhichi kiki - eBay). À l’inverse, on peut encore dénicher des Kiki plus courants de 19 cm des années 80 pour une quinzaine d’euros seulement, ce qui permet à de jeunes collectionneurs de démarrer leur propre tribu Kiki sans se ruiner.

Le marché du jouet vintage profite également aux acteurs officiels. Conscients de la valeur sentimentale de ces peluches, les fabricants ont multiplié les rééditions et éditions anniversaires. Sekiguchi et Bandai surfent sur la nostalgie en proposant par exemple des coffrets collectors pour les 40 ans ou 50 ans de Monchhichi, destinés aux anciens enfants devenus parents ou grands-parents. Ces rééditions soignées, qui reprennent les caractéristiques des modèles d’antan (yeux bleus, fourrure “bouclette” d’origine, etc.), tout en incluant parfois des certificats d’authenticité ou des goodies, rencontrent un joli succès commercial. Elles permettent d’attirer les nouvelles générations tout en captivant les fans historiques, créant un pont entre le passé et le présent du jouet ( ▷ Jouet année 80 : 7 incontournables qui ont marqué notre enfance ✅).

Aujourd’hui, Kiki le vrai a en quelque sorte quitté les rayons traditionnels des magasins de jouets pour rejoindre les vitrines des collectionneurs (La véritable histoire de Kiki le vrai – Ma collection de poupées). Dans les boutiques actuelles, c’est principalement Monchhichi l’original que l’on trouve, avec son bavoir brodé du nom japonais – un rappel que le cycle est reparti pour un tour avec la nouvelle génération. Mais pour beaucoup en France, Monchhichi restera toujours “Kiki”. Cette affection transgénérationnelle est manifeste lors des salons du jouet ancien ou sur les groupes de collectionneurs en ligne, où l’on échange souvenirs, photos et bons plans pour dénicher la perle rare. La nostalgie des jouets vintage s’est intensifiée ces dernières années, avec une demande croissante pour ces objets d’antan. Kiki en bénéficie pleinement : il est devenu une icône rétro dont la valeur est autant émotionnelle que matérielle.

En somme, la peluche Kiki a traversé le temps sans prendre une ride. Symbole d’une époque et désormais objet de collection, elle occupe une place de choix dans la tendance vintage actuelle. Son retour en grâce témoigne de l’attachement durable du public pour ce petit singe attendrissant. Que ce soit sur une étagère de collectionneur ou dans les bras d’un enfant de 2025, Kiki continue d’incarner la douceur et la joie intemporelle du jouet, reliant entre elles les générations par un simple sourire de plastique et une douce fourrure. Un véritable pont entre hier et aujourd’hui, qui prouve que les légendes de la cour de récré peuvent perdurer et se réinventer indéfiniment.

Sources : Génération Souvenirs, Nostalgift, Kiki Planet, Wikipédia, etc., consultés via moteurs de recherche (Bing/Google) – voir références ci-dessous.

Références :

  1. (Monchhichi (Kiki) — Wikipédia) (Monchhichi (Kiki) — Wikipédia) – Création de Monchhichi par Washino Yoshiharu en 1974 à Tokyo, pour Sekiguchi (objectif d’inculquer respect et amour)
  2. (L’histoire de la peluche Kiki, devenue Monchhichi) – Succès immédiat au Japon puis export en Europe dès 1975, arrivée en France en 1978 sous le nom Kiki (licence Ajena)
  3. (Kiki Planet: La véritable histoire de la peluche Kiki, par Bernard Meffray, directeur d'Ajena !) – Choix du nom “Kiki” en France inspiré par Jean-Claude Killy, nom court facile et populaire
  4. (Monchhichi (Kiki) — Wikipédia) – Kiki fabriqué en France par Ajena (usine de Luché-Pringé, Sarthe) de la fin des années 70 jusqu’aux années 90
  5. (La véritable histoire de Kiki le vrai – Ma collection de poupées) – Participation de détenues de la prison de Rennes au maquillage (peinture) des visages de Kiki
  6. (La véritable histoire de Kiki le vrai – Ma collection de poupées) – Description (catalogue 1980) : peluche 19 cm, tête/pieds/mains en vinyle – fabriquée par Ajena
  7. (La véritable histoire de Kiki le vrai – Ma collection de poupées) – À partir de la fin des années 80, Kiki est fabriqué en Chine (étiquette Ajena made in China, Luché-Pringé, ©1974 Sekiguchi)
  8. (Kiki Planet: La véritable histoire de la peluche Kiki, par Bernard Meffray, directeur d'Ajena !) – Publicité TV fin 70s : premiers spots avec enfants et apparition du slogan « Kiki, le Kiki de tous les Kiki »
  9. (Kiki Planet: La véritable histoire de la peluche Kiki, par Bernard Meffray, directeur d'Ajena !) – Concept de la garde-robe “La semaine de Kiki” (12 tenues) conçu par Ajena, énorme succès avec plus d’un million de panoplies vendues
  10. (Kiki Planet: La véritable histoire de la peluche Kiki, par Bernard Meffray, directeur d'Ajena !) (Kiki Planet: La véritable histoire de la peluche Kiki, par Bernard Meffray, directeur d'Ajena !) – Sortie du 45 t “La Chanson de Kiki” en 1981 (écrite par R. Dessca, musique J.-P. Bourtayre) et succès ~900 000 exemplaires
  11. (Kiki Planet: La véritable histoire de la peluche Kiki, par Bernard Meffray, directeur d'Ajena !) – Participation de Kiki à la tournée du Podium Europe 1 (1983-84) à travers la France, rencontre avec les enfants, vitrines présentant les univers de Kiki
  12. (Kiki Planet: La véritable histoire de la peluche Kiki, par Bernard Meffray, directeur d'Ajena !) – Nouveaux spots TV pour les coffrets Kiki Aventures (annonce invitant les parents/enfants à inventer la suite des histoires)
  13. (Kiki Planet: La véritable histoire de la peluche Kiki, par Bernard Meffray, directeur d'Ajena !) – Développement de nombreux produits dérivés Kiki au début des années 80 : jeux de société (Kiki Tripoche, loto, mémoire), puzzles, jeux de cartes, dînette, livres, lampes, poufs, sacs…
  14. (Kiki Planet: La véritable histoire de la peluche Kiki, par Bernard Meffray, directeur d'Ajena !) – Apparition de nombreuses contrefaçons en Europe (Italie, Espagne – ex. Virkiki) ; riposte d’Ajena : après les pieds lisses puis “ridés”, gravure « Kiki le Vrai » sous le pied gauche
  15. (La véritable histoire de Kiki le vrai – Ma collection de poupées) – 1988 : Kiki gagne en justice (Cour de cassation) contre un imposteur (contrefaçon) – protection de la marque
  16. (La véritable histoire de Kiki le vrai – Ma collection de poupées) (Kiki Planet: La véritable histoire de la peluche Kiki, par Bernard Meffray, directeur d'Ajena !) – Gamme de tailles dans les années 80 : Petit Kiki ~14 cm (1981), Kiki 19 cm standard, Kiki Junior ~28 cm (1981, “vrai Kiki” suçant son pouce), Grand Kiki 45 cm (1980, avec bandana), Kiki géant ~75 cm (1981-82)
  17. (La véritable histoire de Kiki le vrai – Ma collection de poupées) (Kiki Planet: La véritable histoire de la peluche Kiki, par Bernard Meffray, directeur d'Ajena !) – Nouveaux personnages : Papy et Mamie Kiki (1983), vendus en boîte vitrine ; “cousins de Kiki” (1984) – petits animaux en peluche (lapin, mouton, chien, ours) au visage en vinyle
  18. (Kiki Planet: La véritable histoire de la peluche Kiki, par Bernard Meffray, directeur d'Ajena !) – Série Kiki Colori (1984-85) : Kiki voit la vie en 8 couleurs (jaune vif/pâle, rose pâle/fuchsia, bleu ciel, vert menthe, mauve, blanc) + déclinaisons Grand/Géant en bleu, rose, jaune, blanc
  19. (L’histoire de la peluche Kiki, devenue Monchhichi) – En 1985, Kiki change la couleur de ses yeux (bleus -> marron) pour les assortir à son pelage, renouvellement de gamme
  20. (en-broc: Le Kiki de tous les Kiki) (Kiki Planet: La véritable histoire de la peluche Kiki, par Bernard Meffray, directeur d'Ajena !) – Identification des “vrais” Kiki : marquage sous le pied (rien ou motif sur modèles 70s, puis tampon Kiki®, puis gravure « Kiki © le vrai » dès milieu 80s)
  21. (L’histoire du Kiki de tous les Kiki !) – Variantes au Japon : près de 1000 modèles Monchhichi créés, y compris collaborations (Monchhichi Hello Kitty, Albator) et éditions « Stars » (Michael Jackson, Elvis, Marilyn…), très appréciés des collectionneurs
  22. (L’histoire du Kiki de tous les Kiki !) – Retour de Monchhichi en France en 2013 (nom d’origine), arrivée du Bebichhichi (bébé), nouveaux modèles comme les grands-parents ou l’Inuit, et diffusion du dessin animé La Tribu Monchhichi*
  23. (L’histoire de la peluche Kiki, devenue Monchhichi) – « Le Kiki de tous les Kiki » devient une véritable star des magasins de jouets, déclinée en gamme de modèles de 15 à 80 cm, avec une large panoplie de vêtements et accessoires
  24. (L’histoire du Kiki de tous les Kiki !) – Kiki/Monchhichi est aujourd’hui encore considéré comme l’une des peluches cultes des années 80-90
  25. (File:Kiki-Musee-du-Jouet-Moirans39-byRundvald.jpg - Wikimedia Commons) – Un exemplaire de Kiki aux yeux bleus (fabrication Ajena 1980s) est exposé au Musée du Jouet de Moirans-en-Montagne (Jura), preuve de son statut patrimonial
  26. (List of 30 Toys That Defined the '80s) – Monchhichi atteint les USA en 1980 sous licence Mattel, donne lieu à un dessin animé du samedi matin (Hanna-Barbera, 1983) avant que la mode retombe et que Mattel abandonne la ligne en 1985
  27. (Kiki Planet: La véritable histoire de la peluche Kiki, par Bernard Meffray, directeur d'Ajena !) – Différents noms selon les pays : grand succès en Allemagne (Monchhichi), en Italie (Mon Cicci), moindre au Royaume-Uni (Chicaboo), fiasco aux USA (Monchhichi retiré après 4 ans)
  28. (La véritable histoire de Kiki le vrai – Ma collection de poupées) – Kiki a disparu des vitrines des magasins de jouets pour rejoindre celles des collectionneurs, remplacé dans le commerce par Monchhichi (retour sous le nom original)
  29. ( ▷ Jouet année 80 : 7 incontournables qui ont marqué notre enfance ✅) – Résurgence des jouets des années 80 : de nombreux adultes cherchent à retrouver des souvenirs d’enfance, les collectionneurs prêts à investir dans des modèles d’époque, nouvelles vies pour les marques emblématiques
  30. (Peluche Monchhichi Coffret 40ème Anniversaire - Fnac) – Coffret collector 40ème anniversaire Monchhichi (Sekiguchi) : inclut 2 peluches de 20 cm (garçon & fille aux yeux bleus avec tampon officiel sous le pied), en référence aux modèles d’origine
  31. (Kiki Planet: Nouvelle collaboration Monchhichi x Hello Kitty : des ...) – Collaboration Monchhichi × Hello Kitty en édition limitée (exemple de partenariat récent entre deux icônes, combinant leurs univers pour les fans)
  32. (L’histoire du Kiki de tous les Kiki !) – Les Kiki Colori des années 80 (peluches de couleurs vives) sont très recherchés par les collectionneurs aujourd’hui